Enseigner les plantes médicinales à l’école, une utopie ?
Face aux pénuries post-Première Guerre mondiale, un pédagogue français conçut un manuel scolaire pour apprendre aux enfants à reconnaître et récolter des plantes médicinales, tout en les intégrant aux apprentissages classiques.
Imaginons un monde où les enseignants inculqueraient aux enfants le monde des plantes et leurs bienfaits, au même titre que la maîtrise du langage ou des mathématiques.
Imaginons un outil pédagogique où les plantes serviraient de support pour découvrir les notions essentielles. Et bien cet outil existe, ou du moins il a existé.
En sa qualité de directeur d’école, officier d’académie et officier du mérite agricole, Monsieur Toulouse a entrepris la rédaction d’un ouvrage pédagogique pour apprendre les plantes médicinales aux enfants du cours moyen et supérieur de l’école primaire.
Euh… c’est quoi le cours supérieur ?
L’enseignement primaire supérieur est un ordre d’enseignement qui a existé en France entre 1833 et 1941. Oui on sait, ça ne date pas d’hier et on parle bien d’école primaire ici, la cible étant les ados en devenir.
Et pourquoi on parle des ados en devenir ?
Au lendemain des hostilités de la Grande Guerre, les français ont eu la très désagréable surprise de se trouver tributaires de l’étranger pour l’approvisionnement de leurs plantes médicinales. Par exemple, le tilleul venait d’Autriche, les feuilles de noyer et les queues de cerise d’Italie, sans parler des produits pharmaceutiques qui provenaient d’Allemagne. A l’époque déjà, l’importance de la souveraineté sanitaire était sur toutes les lèvres.
Afin de pallier les carences engendrées, pour rappel on est en 1920, un cri de solidarité invita chacun, des plus jeunes aux plus âgés, à contribuer à l’effort collectif en récoltant des plantes médicinales.
Revenons à nos ados en devenir… L’idée de monsieur Toulouse était d’inciter les élèves de l’école primaire à aller ramasser des plantes pour approvisionner les pharmacies du coin en pénurie, tout en leur donnant les outils nécessaires à la tâche.
On peut trouver dans ce livre d’élève des activités telles que des problèmes, des dictées, des compositions françaises, des travaux manuels, et bien d’autres, toutes agencées autour des plantes médicinales. On y apprend même à fabriquer des boîtes en carton pour le transport des récoltes. Et la cerise sur le gâteau, à la fin de l’ouvrage, on peut trouver la valeur marchande des plantes ramassées.
Une école comptant 38 élèves a vendu, dans une année, 28 kil. 7 de violettes à raison de 5 fr. 20 le kilo, 12 kil. 5 de fleurs de bouillon blanc à 6 fr. 50 le kilo, 8 kil. 2 de fleurs de camomille à 5 fr. le kilo, 30 kil. 5 de feuilles de séneçon à 1 fr. 25, 42 kil. de serpolet et autant de thym à 0 fr. 90. Le produit de cette vente est réparti par parts égales entre les ramasseurs, après prélèvements de 30% pour diverses bonnes œuvres. Quelle somme recevra chaque élève ?
Outre les connaissances sur les plantes, les valeurs véhiculées par ce livre d’élève étaient le respect de la nature et la solidarité. Tout un programme !
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