Notre outil de recherche – maux d’autrefois !
Il ne s’agit pas de relever tout ce que l’on peut trouver dans les ouvrages, surtout lorsqu’ils font référence à des maux qui n’étaient pas totalement compris à l’époque.
“Au XVIIIe siècle, [l’Achillée millefeuille] est l’objet de nombreuses dissertations (Baier, 1714; Henninger, 1718; Hoffmann, 1719; où on la préconise soit […] comme antispasmodique contre l’hystérie et même l’épilepsie, soit contre les coliques néphrétiques et pour prévenir la formation des calculs.” (Fournier, 2010, p. 36)
Alors que je commençais à faire la liste de toutes les pathologies données dans le livre de Fournier à la page Achillée millefeuille, je notais machinalement que cette plante pouvait être utile en cas d’hystérie, ce qui ne manqua pas de faire sortir de ses gonds ma petite dernière, qui soit dit en passant vient de fêter ses 26 ans. Ça ne me rajeunit pas tout ça. “Enfin môman” me dit-elle, “tu n’vas quand même pas dire dans Phyto-info que l’hystérie est une maladie… T’as pas vu le film Hysteria ?”. Ben si je l’ai vu ce film, lequel retrace la vie du Dr Mortimer Granville, inventeur du vibromasseur comme remède à la prétendue hystérie féminine.
Dernièrement, j’ai abordé le rôle des données et l’importance du choix des ouvrages. En effet, pour nourrir notre outil de recherche sur les plantes médicinales avec des données digne de confiance, il suffit “juste” de retirer de l’équation les sources infondées… un jeu d’enfant. Alors qu’une de mes tâches principales est de faire le tri dans les ouvrages, il me faut également faire le ménage dans les infos présentées dans ces ouvrages.
C’est le grand ménage de printemps ou quoi ?
Ce que je veux dire c’est que toutes les infos ne sont pas bonnes à relever. L’extrait susmentionné dénote bien le fait que parfois il faut faire attention à ce que l’on met en évidence, parce que bien sûr “hystérie” dans le contexte de l’époque ne veut pas dire troubles somatoformes ou troubles de la personnalité histrionique chez la femme comme chez l’homme (dictionnaire médical), mais bien trouble névrotique exclusivement réservé à la gente féminine qui ne pouvait être soulagée que par des moyens très spéciaux, ce qui a été jugé sexiste et dégradant. On se demande bien pourquoi !
L’illustration de ce poste est une oeuvre peinte en 1887 par André Brouillet : Une leçon clinique à la Salpêtrière. On peut y voir un professeur montrant à ses élèves une patiente en crise d’hystérie. Bien sûr, avec le recul, on sait pertinemment que l’hystérie d’antan n’était pas vraiment une maladie. Ma fille a bien fait de me remettre sur le droit chemin. Il ne s’agit pas de relever tout ce que l’on peut trouver dans les ouvrages, surtout lorsqu’ils font référence à des maux qui n’étaient pas totalement compris à l’époque.
A très bientôt pour la prochaine infolettre de phyto-info !
sylvie